La Grande Catherine : derrière l'Impératrice, la femme

Roman. URSS, fin des années 70. Brejnev ne tardera pas à mourir, le régime soviétique s'essouffle peu à peu mais ne lâche toujours pas la bride à la création.

C'est dans ce contexte qu'Oleg Erdmann, jeune cinéaste russe aux origines allemandes, cisèle à force d'obsession un scénario consacré à la Grande Catherine, impératrice de toutes les russies durant la seconde partie du XVIIIe siècle. Autocrate éclairée -elle admire Voltaire et entretient un correspondance avec Grimm ou Diderot- Catherine II, née prussienne (dans une ville de l'actuelle Pologne) n'en est pas moins capable de toutes les atrocités pour parvenir à ses fins. Son mari Pierre III en fera les frais, sans doute assassiné par un des amants de la souveraine.

Personnage complexe, multiple, la Grande Catherine laisse une empreinte indélébile dans la mémoire russe et dans les songes d'Oleg Erdmann. Mêlant sa propre histoire à la biographie de l'impératrice, le jeune cinéaste va chercher à comprendre la femme confinée derrière le personnage historique. Bien au-delà de la réputation sulfureuse de la souveraine, Erdmann, en même temps qu'il fait bon an mal an son chemin dans l'existence, entre peu à peu dans l'intimité de Catherine.

Roman intelligent dans sa construction comme dans sa narration, "Une femme aimée" est une oeuvre intense qui éclaire d'un jour singulier une figure historique incontournable. L'occasion aussi, pour Andreï Makine, d'aborder sous des formes bien diverses le thème de la liberté. 

Bref, du bel ouvrage malgré un début de lecture un brin fastidieux.

Andreï Makine, éditions du Seuil, 21 €.

Il faut aller piocher du côté de la musique italienne pour coller aux goûts de Catherine II de Russie. Voici un extrait vidéo du "Barbier de Séville" (tiré de Beaumarchais) de Giovanni Paisiello, qui fut l'un de ses maîtres de chapelle : http://youtu.be/_8UQ_cy57VE?t=2m40s